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Quelques particularités de la culture vietnamienne

La culture vietnamienne a vu le jour près de mille ans avant Jésus Christ, à l'âge du bronze, avec la civilisation dongsonienne, connue plus couramment sous le nom de "culture de Dông Son". Cette culture a vu le jour à la fin du néolithique. La culture du bronze est symbolisée par de très beaux tambours de bronze et par l'art d'un haut degré de perfection. L'imposante culture chinoise a influé sur cette culture qui a su pourtant préserver son caractère singulier lui permettant en retour de conserver intacte sa personnalité propre et de se développer en culture nationale vietnamienne d'aujourd'hui.

Emergence précoce de la nation

Une autre particularité de la civilisation vietnamienne consiste en la formation très précoce de la nation, bien avant les facteurs pré-capitalistes comme en Occident. Pourquoi? parce que le peuple vietnamien a dû, au cours de son histoire, lutter sur deux fronts pour assurer son existence: d'une part contre les calamités naturelles, et d'autre part les attaques des ennemis. Les calamités naturelles sont les crues et les inondations, la sécheresse et les typhons, etc.; les attaques des ennemis, les invasions étrangères. Ces deux ennemis ont obligé notre peuple à être très solidaire pour constituer un bloc homogène dans les villages et communes, protégés par des haies de bambous verts. Ces haies de bambous protégeaient nos ancêtres des crues et inondations et des invasions étrangères, pour défendre le village et la Patrie. On pourrait dire que la nécessité de cette lutte pour la vie a déterminé la constitution très précoce de la nation vietnamienne, bien avant d'autres nations. Cette nation s'est concentrée autour des digues et derrière les solides haies de bambou. Cette nécessité de se solidariser sont les prémisses à la constitution en nation. Peu à peu, à travers le temps, la monarchie centralisée a été consolidée en un Etat solide, et chaque fois qu'elle se sent menacée par une invasion étrangère, la classe dirigeante se joint au peuple pour former un bloc solide face à l'ennemi. Ceci explique la victoire du peule vietnamien sur les envahisseurs Song au 11è siècle; les trois victoires successives sur les Yuan Mongols au 13è siècle; la victoire sur les Ming au 15è siècle et sur les Qinh à la fin du 18è siècle...

Il n'y a pas seulement les historiens vietnamiens qui affirment la constitution très précoce de la nation vietnamienne, mais des historiens étrangers l'ont aussi confirmé, tels le Français Chesnaux (dans "Contribution à l'histoire du Vietnam"), ou l'Anglais Armold Toynbee qui a étudié diverses civilisations de l'humanité. D'après Armold Toynbee, dans le monde il y a des centaines d'Etats et des centaines de milliers de peuples, mais il n'y a que 34 civilisations nettement différentes les unes des autres et portant le caractère singulier prononcé. La civilisation vietnamienne est l'une des 34 civilisations précitées. Egalement d'après Armolde Toynbee, la civilisation vietnamienne a vu le jour 200 ans après la civilisation coréenne, et 200 ans avant la civilisation japonaise. Toutes ces trois civilisations: coréenne, vietnamienne et japonaise, ont hérité une partie de l'ancienne civilisation chinoise et ont des relations entre elles, mais chacune est indépendante des deux autres et garde son caractère national.

Famille, un des trois piliers

Un point important dans la culture vietnamienne s'avère la suivante: la structure de la société s'appuie sur trois éléments forts et solides: la famille (la maison), le village et la nation. Depuis des temps immémoriaux, la famille reste la cellule, le noyau stable de la société, son unité inébranlable. Autrefois, le père était le chef de la famille. Il tenait entre ses mains les rênes le l'économie familiale. Il était le pontife dans la famille. L'autorité du père, correctement réalisée, constituait le pilier inébranlable de la prospérité de la famille, de la stabilité de la lignée dans l'honneur.

Le village (la commune) est le noyau solide de la nation. Il y a bien une démocratie dans le village avec une assemblée élue par tous les habitants qui administre le village... La loi du roi n'intervient que dans les affaires communes à tout le pays, exemple les impôts, le recrutement des soldats. La devise "la loi du royaume doit céder aux coutumes du village" a son origine profonde dans cette institution qui assure la durabilité de la nation. Le représentant de tout le pays était la cour, avec à sa tête le roi. La cour exerce son pouvoir d'administration sur tout le pays. Le roi gouverne et administre le royaume par l'intermédiaire des mandarins, suivant la devise: "Le roi gouverne le pays par la vertu" . Quand le roi manque à son devoir moral, la peuple a la possibilité de le faire remplacer. C'est la théorie du "gouvernement par la vertu". Mais parfois, la cour doit s'allier au peuple pour détrôner les mauvais rois et les faire remplacer par des éclairés.

Le Vietnam a eu de brillantes dynasties régnantes, comme celles des Ly, Trân, Lê (avant la période de partage et de guerre entre le Nord et le Sud), la dynastie des Tây Son... Et depuis l'avènement de la dynastie des Ly (début du 11è siècle), la culture du Dai Viêt brille de jour en jour d'un bel éclat. De la culture dongsonienne à la culture Dai Viêt, il y a un grand pas en avant, avec les trois dynasties des Ly, Trân et Lê: élévation du niveau de l'instruction, développement intense des lettres, des arts et des sciences (particulièrement la science médicale et l'histoire). La société vietnamienne est régie par des lois ayant profondément le caractère national (Le Code Hông Duc).

Une autre particularité de la culture vietnamienne s'avère le culte des ancêtres. Des érudits occidentaux trouvent que c'est là une religion. Mais la réalité est tout autre. Le culte des ancêtres est un aspect de l'humanisme vietnamien. Qu'est-ce que l'humanisme si ce n'est l'amour du prochain? le respect de l'homme? Le culte des ancêtres, c'est le respect et la reconnaissance envers les générations antérieures qui ont donné naissance à la génération présente et la consolident. Ce respect et cette reconnaissance ont établi des critères moraux pour la jeune génération. La tradition du culte des ancêtres est fortement enracinée dans l'âme du Vietnamien. Toutes les familles ont leur autel des ancêtres, et si la maison est assez grande, toute une pièce est réservée à cette fin.

La religion au Vietnam

Avant tout, il faut mettre l'accent sur le "fonds humanitaire des Vietnamiens". Depuis des siècles, le Vietnamien "aime son prochain comme il s'aime lui-même".... Sur la base de cet humanisme intrinsèque, la religion vient se greffer et enrichit son âme.

D'abord, il faut préciser que le Confucianisme n'est pas une religion, mais c'est une théorie sur l'organisation de la société (spécialement de la société féodale). Le Confucianisme a exercé une profonde influence sur le Vietnam depuis un millier d'années et contribué à exalter le nationalisme du Vietnamien dans la résistance aux invasions étrangères, dans l'édification et la défense nationales; mais, nous le répétons, le confucianisme n'est pas une religion.

Le Bouddhisme, introduit au Vietnam depuis le deuxième siècle, a apporté au Vietnamien la conception "de l'existence et du néant", sur la vanité de la vie, tout en insistant sur la "compassion" entre mille espèces, la solidarité entre l'homme et la nature. C'est la religion bouddhique qui a laissé profondément son cachet dans l'âme du Vietnamien. Le "Taoïsme (Lao Tseu) est à la fois une philosophie et une religion. Il influe sur le Vietnamien, surtout au point de vue philosophique.

Tandis que le Christianisme (qui est entré au Vietnam au 16è et le 17è siècle, et qui compte aujourd'hui quelques millions de fidèles), apporte avec lui la conception sur la destinée humaine en tant qu'unité indépendante et libre devant Dieu et devant l'Univers.

Pour le Caodaïsme, le Brahmanisme, l'islam et autres..., il est à remarquer qu'au Vietnam, il n'y a pas de guerres de religion. Le Vietnamien pratique toujours l'esprit de tolérance.

Profondément Vert

Une autre particularité chez le Vietnamien: l'amour de la nature. Dans l'esprit du Vietnamien, le sentiment de la société égale celui de la nature. Ces deux sentiments s'interpénètrent dans l'âme du peuple vietnamien. Et c'est le sentiment de la nature qui est à l'origine de l'art de vivre en harmonie avec la nature et l'humanité. Et cela constitue la conception de l'art du Vietnamien à travers le temps: un exemple: l'architecture ancienne et traditionnelle du Vietnam consiste toujours en l'association de la nature environnante (cours d'eau, montagnes, végétation, roches...) avec les oeuvres architecturales de l'homme: la nature coopère avec l'homme pour former l'harmonie de son habitat (il en est de même des temples et des pagodes. Et même la vulgaire habitation où l'homme doit être placée dans l'harmonie des montagnes et des eaux).

La langue vietnamienne (dans la familles des langues Môn-Khmères) que parle la majorité écrasante des Vietnamiens est une langue monosyllabique, à six accents et très musicale. Cette langue a été modernisée et est capable d'exprimer toutes les pensées et tous les sentiments du Vietnamien moderne. Dans l'enseignement supérieur, toutes les disciplines de sciences fondamentales et de sciences techniques (y compris la science atomique) sont dispensées en vietnamien. En vietnamien sont également enseignées les philosophies occidentale, orientale, anciennes comme modernes. Les générations de Vietnamiens s'attachent d'une manière résolue à la langue nationale.

Dans la culture vietnamienne, il est question d'une culture pluri-ethnique: plus de 30 ethnies minoritaires ont leurs propres civilisations et leurs arts.

Résolument terre-à-terre

Parmi les particularités de la civilisation vietnamienne, il y a l'esprit du respect de la pratique (et non l'esprit pragmatique). La pensée du Vietnamien est très loin du mysticisme et n'est pas penchée vers la pensée métaphysique. Cela est nettement défini par l'histoire et la géographie du pays, par son peuple. Nos pères (et nous-mêmes) ne sommes pas assez "libéraux" pour nous payer ce luxe de pensées mystiques et métaphysiques.

C'est l'esprit du respect de la pratique et de s'en tenir à la pratique de la vie qui nous ont aidés -nos pères et nous-mêmes-à tenir ferme sur cette terre (qui est très souvent sujette aux crues naturelles et aux crues des invasions étrangères qui menacent de nous entraîner vers la Mer Orientale). La culture vietnamienne porte en elle le "respect de la raison et de la lutte pour la raison, l'esprit esthétique et la possibilité de créer le beau" .

Mais ce qui est étrange, c'est que le Vietnamien n'a jamais l'esprit xénophobe malgré les nombreuses invasions étrangères au cours de l'histoire. N'est-ce la configuration de notre pays baigné par deux océans (le Pacifique et l'Indien) qui l'habitue à respirer le vent du large, qui lui donne une âme largement ouverte? N'est-ce pas sa situation sur la croisée de trois chemins du monde qui a déterminé le Vietnamien au respect des échanges et des interférences culturelles ?


Le viet quyen dao est un art martial vietnamien